Dis-moi le matador
Que fais-je dans cet étroit couloir
Où sonne le glas lugubre et noir
La peur mordante comme une tenaille
Serre le tréfonds de mes entrailles
Qu’on a vidées de force
Pour que la faiblesse s’amorce
Dis-moi le matador
Où sont passées mes cornes altières
Sciées à vif par une main de brute
Comme des objets vulgaires
Sur l’ordre infâme du matamore
Pour que je perde le nord
Dans les arènes du Sud
Empire des turpitudes
Dis-moi le matador
Où sont mes moelleux pâturages
Ce n’était donc que des mirages
On m’a poussé sauvagement
Dans un sinistre guet-apens
De terre battue par des péons
Où perceront les fleurs de ma Passion
Une douleur s’enfonce dans mon cou
Lancinante
Une tiédeur mêlée de boue
Ruisselle sur mon corps de supplicié
Pitié
Pitié conquistadors pitié
Vous qui plantez dans ma chair
De brûlants harpons de fer
J’ai mal si mal
Vous tous qui me voyez
Ayez pitié de moi
Qui vous demande pourquoi
Dis-moi le matador
Quelle est encore cette loque loufoque
Que tu agites comme une pendeloque
Devant mes yeux mourants
Pour que je fonce aveuglément
Dans un brouillard dense de souffrance
Sous les huées de paillasses en transe
J’ai mal si mal
Vous tous qui me voyez
Ayez pitié de moi
Qui vous demande pourquoi
Mes meuglements résonnent dans ma tête
Pendant que la fanfare dégoise un air de fête
Je sens les dernières forces m’abandonner
Je vois partout du sang qui ne cesse de fluer
La mort vacille autour de ma défaite
Vous tous qui m’entendez
Ayez pitié de moi
Qui vous demande pourquoi
A flots la vie s’écoule de mes veines
Le sol meurtri s’abreuve de mes peines
Il s’approche comme une vague délivrance
Quand je m’agenouille épuisé devant la lance
Avant de m’affaisser sur la fin de l’existence
J’ai mal si mal
Vous tous qui me voyez
Ayez pitié de moi
Qui vous demande pourquoi
Mon corps n’est plus que ruine sanguinolente
Où le bourreau grisé plonge sa dague violente
Encore et encore
Il s’acharne sur ma mort
Qui éclabousse son habit de lumière
Taches rubis hiéroglyphes de ma misère
Je me débats une dernière fois
Secoué des spasmes de l’effroi
Adieu le matador
Celui qui agonise te salue
Quand tu paraderas dans la rue
Comme un précieux ridicule
Exhibant mes oreilles et ma queue vaincues
Tu clameras très haut et fort
Que tu m’as aimé jusqu’à ma mort
Une lumière voilée s’étend sur ma douleur
Adieu le matador c’est l’heure
Il fait soudain si froid
Vous tous qui me voyez
Ayez pitié de moi
Qui vous demande pourquoi
Irène Noël de Vinzier (France)
Si un autre webmaster souhaitait publier dans les pages de son site le poème ci-dessus, merci d'écrire à michbo01@wanadoo.fr pour qu'il en avertisse l'auteur qui espère que son poème dédié à la douleur des animaux fera le tour de la terre... Non par satisfaction de se faire lire mais pour le combat mené pour faire stopper ce genre de barbarie envers les animaux. Inutile de dire que je m'associe moi aussi totalement à son combat.