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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 08:42

 

 

 

L'état de perception

 

 

 

Tout problème, pour être bien compris, exige évidemment une certaine intelligence ; Et cette intelligence ne peut pas être celle d'un esprit spécialisé ; Elle ne naît que lorsqu'on perçoit passivement tout le processus de la conscience, c'est-à-dire lorsqu'on est conscient de soi-même, sans choisir entre ce qui est bien et ce qui est mal. Lorsque vous êtes passivement en état de perception, vous voyez qu'à travers cette passivité – laquelle, loin d'être paresse ou sommeil, est extrême vivacité - le problème a un tout autre sens ; En effet, il n'y a plus d'identification avec lui, donc pas de jugement et par conséquent il commence à révéler son contenu. Si vous êtes capable de faire cela constamment, continuellement, chaque problème peut être résolu en profondeur et non plus en surface. Là est la difficulté, car la plupart d'entre nous sont incapables d'être passivement lucides, de laisser le problème raconter son histoire sans que nous l'interprétions. Nous ne savons pas nous examiner sans passion. Nous en sommes incapables parce que nous voulons que notre conflit, en sa résolution, produise un résultat ; Nous voulons une réponse, nous poursuivons une fin ; Ou bien nous essayons de traduire le problème selon notre désir ou notre souffrance ; Ou encore nous avons déjà une réponse sur la façon dont il faut le traiter. Ainsi nous abordons un problème qui est toujours neuf d'un point de vue qui est toujours vieux. La provocation est neuve, mais notre réponse est vieille et notre difficulté est d'aborder la provocation d'une façon adéquate, c'est-à-dire pleinement. Le problème est toujours une question de relations - avec des choses, des personnes, des idées - : il n'y en a pas d'autre ; Et pour correspondre exactement aux exigences perpétuellement changeantes de ces rapports, il faut voir ceux-ci à la fois clairement et passivement. Cette passivité n'est pas une question de détermination, de volonté, de discipline ; Être conscient du fait que nous ne sommes pas passifs : voilà le début. Comprendre que c'est telle réponse particulière que nous voulons à tel problème, c'est déjà nous comprendre en relation avec ce problème ; Et au fur et à mesure que nous nous connaissons dans nos rapports avec lui, voyant quelles réactions il éveille en nous, quels préjugés, quels désirs, quelles ambitions, cette prise de conscience nous révèle le processus même de notre pensée, de notre nature intérieure ; Et en cela est une libération.

 

 

 

 

 

L'important est évidemment de ne pas choisir, car tout choix engendre des conflits. C'est lorsque mon esprit est confus que je choisis ; S'il n'y a pas de confusion, il n'y a pas de choix. Une personne simple et claire ne choisit pas entre faire ceci ou cela : ce qui est, est. Une action basée sur une idée est évidemment issue d'un choix ; Une telle action n'est pas libératrice ; Au contraire, elle n'engendre que de nouvelles résistances, de nouveaux conflits, conditionnés par l'idée.

 

 

 

 

 

L'important est d'être conscient d'instant en instant, sans accumuler les expériences qui en résultent ; Car aussitôt que l'on accumule, on n'est plus conscient qu'en fonction de cette accumulation, de cette image, de cette expérience. Autrement dit, la perception étant conditionnée par l'accumulation, on cesse d'observer, on traduit. Traduction veut dire choix ; Le choix engendre un conflit ; Et dans l'état de conflit il n'y a pas de compréhension.

 

 

 

 

 

La vie étant relations et celles-ci n’étant pas statiques, notre perception doit être souple, agilement passive et non agressivement active. Ainsi que je l’ai dit, cette lucidité passive n'est le fruit d'aucune forme de discipline ; Elle consiste à être conscient, d'instant en instant, de nos pensées et de nos sentiments, et non seulement à l'état de veille, car nous verrons, au fur et à mesure que nous nous approfondirons en nous-mêmes, que nous commencerons à rêver, à rejeter à la surface toutes sortes de symboles que nous traduirons sous formes de rêves. Ainsi nous ouvrons la porte à ce qui est caché en nous, qui devient le connu ; Mais pour trouver l'inconnu il nous faut aller au-delà de la porte et c'est la notre difficulté. La réalité n'est pas une chose que l'esprit puisse connaître, car l'esprit est le résultat du connu, du passé ; Donc l'esprit doit se comprendre et comprendre son fonctionnement, sa vérité et alors seulement est-il possible à l'inconnu « d'être ».

 

 

 

~

 

 

 

« L'état de perception » - Chapitre 12 de : La Première et Dernière Liberté

 

par Krishnamurti

 

traduction de Carlo Suares

 

préface par Aldous Huxley

 

 

 

 

 

http://www.choix-realite.org/7126/se-connaitre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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