23 mai 2012
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Avant toute chose, je dois préciser qu’il n’y a pas vraiment de position officielle de l’A.M.O.R.C. sur la peine de mort, car il appartient à chacun de se forger sa propre opinion sur ce sujet, en fonction de ses convictions personnelles. Cela dit, la plupart de ses membres y sont opposés, considérant qu’elle est indigne d’une justice civilisée, qu’elle ne règle pas les problèmes de fond, et qu’elle a des conséquences mystiques négatives. On peut naturellement comprendre le désir de certaines personnes de vouloir l’exécution d’un assassin, notamment si la victime est un membre de leur famille ou un être cher, et si elle a été tuée dans des conditions révoltantes, ce qui est malheureusement souvent le cas.
Certains voient dans ce désir l’expression d’une loi (quoi qu’on en dise humaine et non divine), celle du talion, qui énonce comme chacun sait : « œil pour œil, dent pour dent ». Que l’on en ait conscience ou non, il s’agit plutôt d’un désir de vengeance que l’on cherche alors à assouvir. Pourtant, outre le fait qu’il faut apprendre à transcender un tel sentiment, chacun est à même de comprendre que le fait d’exécuter un criminel, que ce soit de son propre chef ou à l’issue d’une décision de justice, ne peut ramener le défunt à la vie. Quant à l’aspect dissuasif de la peine de mort, les plus grands spécialistes en la matière savent parfaitement qu’il est quasiment nul. Il en est même qui sont convaincus que la perspective d’être arrêtés et condamnés à cette peine attise les pulsions meurtrières de certains assassins, notamment des tueurs en série psychopathes.
Si l’on admet que tuer une personne est un meurtre, comment désigner autrement que par « assassinat » l’acte qui consiste pour le(s) bourreau(x) à exécuter volontairement un criminel, que ce soit par pendaison, décapitation, électrocution, injection mortelle ou autre ? En effet, ne s’agit-il pas d’un meurtre d’autant plus prémédité qu’il est l’aboutissement d’une décision mûrement réfléchie, prise à l’issue d’une procédure ayant impliqué de nombreuses personnes ? Si l’on pense que tel est le cas, on peut aller plus loin dans le raisonnement et ajouter que cet assassinat est d’autant plus lâche que la sentence n’est généralement pas appliquée par les personnes qui ont prononcé la peine capitale. Nous pouvons d’ailleurs nous demander ce qu’il adviendrait si le juge, les jurés, et d’une manière générale tous ceux qui ont soutenu cette peine, devaient eux-mêmes exécuter le condamné et en assumer la responsabilité, tant aux yeux des hommes qu’au regard de Dieu. Seraient-ils aussi déterminés dans leur décision ? Quoi qu’il en soit, la plupart des Rosicruciens rejoignent sur ce sujet la position de Louis-Claude de Saint-Martin, grand philosophe du XVIIIe siècle, père spirituel du Martinisme, qui déclara qu’aucun homme ne devrait prendre à autrui ce qu’il est incapable de lui rendre. De toute évidence, chacun sait que l’acte de tuer est sans retour et qu’il est impossible de rendre la vie au défunt. Cela implique naturellement d’avoir une approche humaniste et spiritualiste de l’existence.
Venons-en maintenant aux conséquences mystiques d’une exécution capitale. Dès lors que l’on admet l’existence de l’âme et le principe de la réincarnation, on peut comprendre que le supplicié se réincarnera tôt ou tard, avec probablement un désir de revanche, voire de vengeance, à l’égard de la société. S’il avait un penchant pour le crime, on peut supposer qu’il le conservera dans sa prochaine vie et qu’il cherchera probablement à l’assouvir de nouveau, d’une manière peut-être encore plus forte. D’un point de vue rosicrucien, exécuter un assassin ne résout donc pas le problème de fond, mais ne fait que le reporter dans un futur plus ou moins proche. Plutôt que de le tuer, il vaudrait mieux l’emprisonner à vie et tout faire, grâce à un suivi médical et psychologique approprié, pour qu’il prenne conscience de l’extrême gravité de son acte, s’en repente et le répare autant que cela est humainement possible. De cette manière, on l’empêcherait de nuire à nouveau tout en lui donnant la possibilité de transcender les pulsions qui ont fait de lui un criminel. Certes, on rétorquera que certains assassins sont irrécupérables et qu’il ne sert à rien de vouloir les aider ainsi. C’est possible, mais faut-il pour autant les exécuter et libérer dans l’au-delà des âmes qui perturberont de leur présence spirituelle le plan auquel elles se situeront après la mort, et qui se réincarneront avec les risques mentionnés précédemment ?
Vidéo:"Les Rose-Croix d'hier et d'aujourd'hui" 2 ième partie