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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 21:59

lLES 4 BOUGIES

 

Que dire également des modes que l’on impose régulièrement aux jeunes ou qu’ils s’imposent entre eux, que ce soit dans le domaine de la musique, de l’habillement, du langage, des mœurs, etc. ? Là aussi, qu’ils se posent la question de savoir à qui ou à quoi profite cette manipulation. Il est naturel de vouloir s’individualiser et s’affirmer, mais avoir de la personnalité, ce n’est pas imiter les autres ou suivre la mode, dans quelque domaine que ce soit. Ce n’est pas non plus “prendre le pied inverse” et se démarquer exagérément des autres dans un souci de marginalité. C’est tout simplement être soi-même et vivre en accord avec ses propres valeurs et ses goûts personnels. Et contrairement à ce que semblent penser de nombreux jeunes, rien n’est plus respectable et même admirable que d’être conforme aux choix qui nous sont propres, fussent-ils “normaux”, plutôt que d’adopter ceux que l’on nous impose de l’extérieur pour être ou paraître “à la mode”.

Comme c’est le cas pour la religion, le rapport des jeunes avec la politique a lui aussi beaucoup changé. Précisons tout d’abord qu’elle fait partie intégrante de la société et qu’elle est une nécessité pour gouverner l’État comme la cité, et ce, depuis le plus petit village jusqu’à la plus grande mégalopole. Il n’y a encore que quelques décennies, elle était au centre des conversations entre jeunes, chacun se sentant une âme de “contestataire”, parfois d’ailleurs sans trop savoir si ce qu’ils contestaient était vraiment contestable. De nos jours, beaucoup s’en désintéressent. Pourquoi ? Parce qu’ils ont le sentiment qu’elle est impuissante à résoudre les problèmes qui se posent aux citoyens de base et incapable de rendre le monde meilleur. C’est ce qui explique que dans nombre de pays, le pourcentage d’abstention aux votes est très important chez les jeunes, excepté peut-être dans les élections locales, où ils se sentent davantage concernés.

À l’image des hommes, la politique est imparfaite ; elle est donc sujette à la critique. Mais si l’on admet que dans toute démocratie véritable on a les dirigeants que l’on mérite, elle est à l’image, certes de ceux qui nous gouvernent, mais également de ceux qui sont gouvernés. Face aux problèmes qui se posent à la collectivité, il est donc à la fois trop simple et trop facile de s’en prendre exclusivement à ceux et à celles qui exercent des fonctions politiques. Indépendamment du fait que nous sommes libres de notre vote, nous pouvons et même devons faire un bon usage de notre libre arbitre et agir pour rendre la société meilleure. Comment ? En nous évertuant à devenir des «êtres humains accomplis», pour reprendre les termes de Coménius, éminent Rose-Croix du XVIIe siècle, considéré comme le père spirituel de l’U.N.E.S.C.O. En cela, j’ai toujours pensé que la politique, au sens philosophique du terme, est d’abord et avant tout l’art de se gouverner soi-même.

De mon point de vue, la solution à la crise actuelle réside davantage dans l’éthique que dans la politique, l’une n’excluant pas l’autre. Mais qu’est-ce que l’éthique ? En quelques mots, c’est l’attitude qui consiste à se respecter soi-même, à respecter autrui et à respecter la nature, ce qui n’a rien de moralisateur. Malheureusement, ce respect manque cruellement de nos jours, car les parents et les adultes en général ne l’ont pas transmis aux enfants. Durant les dernières décennies, on les a conditionnés à revendiquer des droits. Cela ne serait pas dommageable si, parallèlement, on les avait familiarisés avec les devoirs correspondants. Cela n’a pas été fait, d’où le déséquilibre actuel et ses conséquences dans la société : violence, corruption, intolérance, vols, viols, trafics en tous genres, etc. ; autant de com- portements négatifs qui traduisent l’absence de non-violence, d’intégrité, de tolérance, d’honnêteté, de bienveillance, etc. Il devient donc urgent de revenir à ces fondamentaux, et c’est aux jeunes de relever ce défi. Étant donné qu’ils sont plutôt victimes que coupables du laxisme qui sévit depuis trop longtemps dans ce domaine, leur mérite n’en serait que plus grand…

En relation avec la notion de devoirs, les jeunes qui liront cette lettre ouverte trouveront peut-être un guide dans la «Déclaration rosicrucienne des devoirs de l’Homme», proposée par l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix en 2006. À noter que cette déclaration a été publiée en pleine page dans des revues et des journaux de premier plan, et que sa parution a été saluée par nombre de personnalités civiles, politiques et religieuses. L’Épilogue parle de lui-même : « Si tous les individus s’acquittaient de leurs devoirs fondamentaux, il resterait peu de droits à revendiquer, car chacun bénéficierait du respect qui lui est dû et pourrait vivre heureux dans la société. C’est pourquoi toute démocratie ne doit pas se limiter à promouvoir un “État de droit”, auquel cas l’équilibre évoqué dans le Prologue ne peut être maintenu. Il est impératif également qu’elle prône un “État de devoir”, afin que tout citoyen exprime dans son comportement ce que l’homme a de meilleur en lui. Ce n’est qu’en s’appuyant sur ces deux piliers que la civilisation pourra assumer pleinement son statut d’humanité. » Assurément, de tels propos n’ont rien de réactionnaire, mais traduisent ce qui devrait sembler évident à tous.

De ce qui précède, on en déduit que la politique n’est pas l’affaire exclusive des partis et des courants qui s’y consacrent, toutes tendances confondues. En tant que gouvernance de soi-même, elle implique chacun d’entre nous et nécessite de mettre le meilleur de nous-mêmes au service des autres et de la société, ce qui nous ramène à ce que j’ai dit précédemment à propos de la spiritualité. Vue sous cet angle, la plus haute forme de politique est l’humanisme, idéal philosophique qui consiste à mettre le bien-être de tout individu au cœur des préoccupations des gouvernants et des gouvernés, sans distinction. Cela revient à faire aux autres ce qu’on aimerait qu’ils nous fassent, mais également à ne pas leur faire ce que l’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent. Cela rappelle naturellement le commandement majeur du Maître Jésus, lequel n’est la propriété morale ou spirituelle d’aucune religion, mais une source d’inspiration pour quiconque, chrétien ou non, croyant ou athée, adhère à ce commandement. Alors, à défaut d’être spiritualistes, j’engage tous les jeunes à être humanistes.

Mais on ne peut être humaniste sans s’impliquer également dans la sauvegarde et la protection de la nature. Or, nous savons tous que notre planète est très menacée : réchauffement climatique, déforestation excessive, destruction généralisée d’écosystèmes, disparition de nombreuses espèces végétales et animales, pollutions diverses… De toute évidence, l’écologie est devenue l’enjeu majeur du XXIe siècle. Malheureusement, la crise économique et sociale qui frappe le monde depuis plusieurs décennies occulte cet enjeu, au risque que l’on ne fasse pas le nécessaire pour éviter le pire. Certes, c’est là l’héritage laissé par les générations passées, mais si les jeunes d’aujourd’hui ne se mobilisent pas, il semble évident que la Terre, chef-d’œuvre de la Création, deviendra invivable pour des millions, peut-être même pour des milliards d’êtres humains. Alors, gageons sur leur sens des responsabilités et sur leur mobilisation, avec l’idée que leurs enfants et leurs petits-enfants hériteront quant à eux d’une Terre-Mère régénérée, avec laquelle l’humanité se sera définitivement réconciliée.

Un autre danger menace l’équilibre de la société et ce que l’on appelle communément le «vivre ensemble», à savoir l’individualisme. En effet, s’il est vrai qu’Internet est une grande source d’informations et un moyen extraordinaire de communication, je regrette néanmoins que son usage soit devenu aussi excessif, au point que nombre de jeunes admettent qu’ils ne peuvent plus s’en passer. Que dire également de leur addiction aux portables et autres smart-phones ? Paradoxe des temps modernes : les êtres humains communiquent à longueur de journée d’un lieu à l’autre de la planète, mais nombre d’entre eux disent se sentir infiniment seuls. À ce propos, voici ce qu’on peut lire dans la «Positio Fraternitatis Rosae Crucis», Manifeste que l’A.M.O.R.C. a publié en 2001 sur un plan mondial : « Nous constatons par ailleurs qu’à l’ère de la communication, les individus ne communiquent pratiquement plus. Les membres d’une même famille ne dialoguent plus entre eux, tout occupés qu’ils sont à écouter la radio, regarder la télévision ou surfer sur Internet… » N’est-il pas temps de (re)privilégier les contacts directs et de (ré)humaniser la société ?

En raison de l’état chaotique du monde, nombre de personnes, notamment de jeunes, sont pessimistes quant à leur avenir personnel et à celui de l’humanité. Les Rose-Croix, de leur côté, sont et demeurent optimistes, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas réalistes. C’est ainsi que dans le texte intitulé «Prophéties des Rose-Croix», qu’ils ont publié en 2011, on peut lire : « Au regard de notre enseignement et de notre philosophie, nous sommes optimistes pour l’avenir, même si la situation actuelle peut laisser craindre le pire. Au-delà des apparences, la période troublée que nous traversons constitue un “passage obligé” qui devrait permettre à l’humanité de se transcender et de renaître à elle-même… Dans son ensemble, elle est destinée à instaurer une société idéale, que nombre de sages du passé ont appelé de leurs vœux, et en laquelle de nombreux individus espèrent plus ou moins consciemment. » Alors, confiance ! Plutôt que de se limiter à dire que «l’espoir fait vivre», agissons avec l’idée que la vie est pleine d’espérances.

En introduction à cette lettre, j’ai évoqué ma crainte qu’elle soit perçue comme étant “ringarde”, notamment par les jeunes qui la liront. Pourtant, je ne pense pas qu’il soit “ringard” de les encourager à être spiritualistes, humanistes et écologistes, de les engager à ne plus se laisser manipuler par ceux qui font commerce de la bêtise, du voyeurisme et autres dérives de la “peopolisation” des mœurs, de les mettre en garde contre l’individualisme que génèrent les nouvelles technologies, de leur recommander d’éveiller et d’exprimer ce qu’il y a de meilleur en eux, etc. En ce qui me concerne, j’en appelle à leur conscience et même à leur âme, afin qu’ils ne passent pas à côté de leur existence et fassent de l’humanité ce qu’elle est destinée à être : l’expression sur Terre de ce que la vie peut offrir de mieux aux générations présentes et futures. Aussi, qu’ils se posent la question : quelle société, quelle humanité, quel monde souhaitent-ils pour leurs enfants ?

Un adage que vous connaissez tous énonce : «Si jeunesse savait ; si vieillesse pouvait», ce qui laisse supposer que les jeunes ont l’énergie voulue pour améliorer le monde, mais n’ont pas l’expérience nécessaire. Je suis convaincu que s’ils en ont la volonté, ils peuvent y parvenir, au-delà même de nos espérances. Alors, ayons foi en eux…

C’est sur ces paroles d’espoir que je conclurai cette lettre, non sans exprimer tous mes vœux de bonheur et de succès à tous les jeunes qui en prendront connaissance, qu’ils l’aient d’ailleurs appréciée ou non.

 

Avec mes meilleures pensées.

 

Serge Toussaint  Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix

 

http://www.blog-rose-croix.fr



 

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