Si je comprends le désintérêt des jeunes à l’égard de la religion, notamment en Occident, je regrette néanmoins que ce désintérêt les ait éloignés de la spiritualité. En effet, cet éloignement va à l’encontre de leur bien-être, car il crée un vide au plus profond d’eux-mêmes. Étant donné que «la nature a horreur du vide», nombre d’entre eux comblent celui-ci par des activités qui accaparent et même exacerbent leurs sens physiques et leur mental, parfois jusqu’à l’extrême, au détriment de leur vie intérieure. Il en résulte un déséquilibre psychique qui explique en grande partie pourquoi beaucoup ne sont pas vraiment heureux et souffrent d’un mal-être évident. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que dans les pays dits développés, le nombre de suicides chez les jeunes ne cesse d’augmenter, au point de devenir très préoccupant.
Comment ne pas être affecté par un tel constat ?
Mais comment reprocher aux jeunes de manquer de spiritualité, alors que leurs aînés ont contribué à rendre la société de plus en plus matérialiste ? De nos jours, et comme chacun sait, c’est l’argent qui mène le monde. Certes, il a toujours exercé une grande influence sur les êtres humains, mais cette influence semble avoir atteint son paroxysme et donne lieu à une avidité et à une cupidité apparemment sans limite. Vénéré tel un dieu, il sert de fondement à une religion sans âme, avec ses fidèles et ses serviteurs. Son credo est on ne peut plus simple et se résume en un mot : «avoir» (toujours plus). Sur son autel, les valeurs morales les plus élémentaires sont sacrifiées : honnêteté, intégrité, équité, générosité, partage, etc. Cela étant, nous avons tous besoin d’argent, de sorte que ce n’est pas lui qui est à blâmer, mais la trop grande importance qui lui est accordée aujourd’hui. De «serviteur» qu’il devrait être, il est devenu un bien «mauvais maître», et ce, dans toutes les catégories sociales.
En quoi consiste donc la spiritualité qui fait défaut à la plupart des jeunes et dans laquelle ils pourraient puiser une source de bien-être ? Précisons tout d’abord qu’elle ne nécessite pas de suivre l’une des religions qui existent actuellement, d’autant plus, comme je l’ai dit précédemment, qu’ils ont tendance à s’en détourner. En quelques mots, elle est fondée sur l’idée que tout être humain possède une âme et que le but de la vie est de rendre cette âme meilleure. Comment ? En travaillant librement à son développement personnel, ou plus exactement au perfectionnement de sa personnalité. C’est dans ce travail de perfectionnement que se trouve le fondement de la spiritualité, au sens, non pas religieux du terme, mais mystique. Vu sous cet angle, Dieu n’est pas seulement l’Intelligence, la Conscience, l’Énergie, la Force (peu importe le terme) qui œuvre à travers l’univers et la nature ; Il est aussi en l’homme ce que nous appelons communément «la voix de sa conscience».
L’influence grandissante que l’argent exerce sur la société a donné naissance à une sous-culture dont la télévision est actuellement le vecteur majeur. Que d’émissions ineptes, vulgaires et avilissantes, sans parler de la violence qui s’affiche continuellement sur les écrans ! Nombre d’entre elles sont conçues pour les jeunes, ce qui laisse supposer que ceux et celles qui les financent, les réalisent, les programment et les animent, considèrent que la jeunesse se complaît dans la bêtise et la vulgarité, et qu’elle prend plaisir à s’avilir. Face à un tel mépris à son égard, qu’attend-elle pour s’affirmer et opter pour des programmes dignes de sa sensibilité et de son intelligence ? Ne se grandirait-elle pas en refusant et même en s’opposant à cette manipulation éhontée des esprits ? À l’instar d’Internet, la télévision est le reflet de la société ; elle en exprime le meilleur et le pire. À tous en général, et aux jeunes en particulier, d’en faire un support d’élévation culturelle et morale plutôt que d’abêtissement.
Parmi les manipulations les plus pernicieuses à laquelle se livre la téléréalité auprès des jeunes, il y a l’exaltation de la célébrité. À grand renfort d’exhibitionnisme et de voyeurisme, on leur fait croire que l’un des buts majeurs dans la vie est de devenir célèbre, et par là même d’être admiré et adulé, pour ne pas dire vénéré. À quoi peut mener un tel culte de l’ego, sinon à la désillusion et au désenchantement ? Comme le montre l’expérience, la célébrité ne suffit pas pour être épanoui et heureux ; dans de nombreux cas, elle est même une source d’angoisses, de craintes et de stress. Ce n’est pas dans le regard des autres que nous devons rechercher le bonheur, mais dans celui que nous portons sur nous-mêmes. Cela revient à dire qu’il faut avant tout apprendre à être une bonne compagnie pour soi. Quiconque en est une n’éprouve aucunement le désir d’être célèbre, pas plus qu’il ne se laisse aller à aduler telle ou telle “star”, au point de donner l’impression de vivre à travers elle par procuration.
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
http://www.blog-rose-croix.frLa suite et fin demain