De Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
Pour faire suite aux remarques précédentes, chacun sait que de nombreux athées le sont parce qu’ils n’adhèrent pas aux croyances perpétuées par les religions : le paradis, l’enfer, le purgatoire, le diable, mais également Adam et Ève en tant que premier homme et première femme ayant vécu sur Terre, le péché originel, l’univers créé en six jours, la résurrection des corps, etc. Il est un fait que l’évolution des consciences et les progrès de la science ont rendu ces croyances obsolètes aux yeux de nombreuses personnes. Malheureusement, cette incrédulité s’est transformée en incroyance, laquelle s’est elle-même mutée en athéisme. Ceci est d’autant plus dommage qu’il ne faut pas confondre « religiosité » et « spiritualité ». En effet, on peut tout à fait être spiritualiste sans suivre un credo religieux et se soumettre aux dogmes qui lui sont propres. Par ailleurs, le seul fait de croire en Dieu ne rend pas meilleur, à tel point que nombre de guerres ont été menées en Son nom, parfois même à la demande des plus hautes autorités de certains clergés.
Mais s’il est vrai que la religiosité a généré des guerres au cours des âges, ce n’est pas une raison pour prôner l’athéisme avec véhémence, comme certains le font de nos jours. En effet, la politique, au sens large du terme, en a causé beaucoup plus. Dans ce dernier cas, l’enjeu n’était pas de convertir tel peuple à telle religion, mais d’envahir, de conquérir et d’asservir, le plus souvent à des fins idéologiques, géopolitiques ou économiques. Que dire également de l’économie elle-même, qui dresse les nations les unes contre les autres, et à l’intérieur d’elles les classes sociales ? Ce n’est pas pour autant que l’on se détourne de la politique ou de l’économie. De même, il n’est ni rationnel ni raisonnable de se désintéresser de la spiritualité, ou pire encore de s’y opposer, sous prétexte qu’aucune religion ne nous intéresse. Réagir ainsi ne peut que nous éloigner de nous-mêmes, avec le risque de cultiver en nous un scepticisme qui confine au sectarisme à l’encontre des croyants.
Comme vous le savez certainement, Blaise Pascal, dans ses Pensées, a fait de l’existence ou de la non-existence de Dieu l’enjeu d’un « pari ». Dans un style très vivant et démonstratif, il amène progressivement le lecteur à la conclusion, non pas que Dieu existe nécessairement, mais qu’il y a fort à parier qu’Il existe. Dans un texte intitulé « Les deux infinis », il franchit une étape supplémentaire, puisqu’il va jusqu’à dire que « c’est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée » (celle qui consiste à comprendre que « l’homme est un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant »). Considérant que « Dieu est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part », Blaise Pascal consacra un grand nombre de ses écrits à s’opposer à l’athéisme, dans lequel il voyait une source d’ennui et de tristesse. Quelle que soit votre opinion en la matière, vous conviendrez que ce grand penseur fut loin d’être un ignorant…
À propos de la tristesse, il est avéré que les croyants sont en grande majorité plus heureux que les athées, car le fait d’admettre l’existence de Dieu, quelle que soit la conception qu’on en ait, rend généralement plus optimiste et plus confiant en la vie. Par ailleurs, s’il est vrai que certains d’entre eux perdent la foi face à des épreuves particulièrement pénibles, la plupart puisent en elle la force intérieure de les affronter et de les surmonter, de sorte qu’ils ne cèdent ni au pessimisme ni à l’aigreur. Il a été prouvé également que des pratiques comme la prière et la méditation ont un effet positif sur la santé et favorisent la guérison des maladies. Un autre fait a été confirmé par le personnel médical : un croyant a une approche de la mort beaucoup plus positive qu’un athée et l’aborde avec une sérénité qui bénéficie, non seulement à lui-même, mais également à son entourage.
Naturellement, je n’ai pas la prétention de me situer au niveau de Blaise Pascal, mais je vous propose de voir en quoi, me semble-t-il, l’existence de Dieu est indéniable : nul ne peut nier que l’univers, désigné sous le nom de « cosmos » (univers organisé) par les philosophes grecs, est une réalité tangible, de même que la Terre sur laquelle nous vivons. Or, d’un point de vue rationnel, il y a nécessairement une cause à l’origine de toute chose et de tout être, car rien ne peut être généré par le néant ou par le vide. Il en résulte que la Création dans son ensemble est nécessairement l’œuvre d’un Créateur. Et puisque les scientifiques eux-mêmes reconnaissent que l’univers et la nature sont régis par des lois admirables, il en résulte que ce Créateur est prodigieusement intelligent. Dès lors, pourquoi ne pas l’appeler « Dieu » et voir en Lui, à l’instar d’Isaac Newton et d’Albert Einstein, une Intelligence absolue, ordonnée et ordonnatrice ? Depuis quelques années, de plus en plus de scientifiques, et non des moindres, vont d’ailleurs dans ce sens.
La suite et fin de ce texte demain.