De Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix.
Que faut-il entendre par « exprimer le meilleur de nous-mêmes » ? Comme l’enseigna Socrate, il s’agit de manifester les vertus qui font la dignité de l’être humain, telles que l’intégrité, l’humilité, la générosité, la tolérance, etc. Or, ces vertus ne résultent pas du cerveau ; la science n’a d’ailleurs jamais décelé de zones cérébrales dont l’activité ou la stimulation inciterait à être modeste, intègre, bienveillant, tolérant, etc. Il ne s’agit donc pas de facultés mentales ou intellectuelles, pas plus que ne l’est la « voix de la conscience ». Elles sont des attributs de l’âme et sont donc de nature spirituelle. Vue sous cet angle, la spiritualité est fondée sur la conviction qu’il existe en tout être humain une dimension transcendantale, pour ne pas dire divine, et que le but de la vie est d’exprimer cette dimension à travers notre comportement. Cela suppose d’avoir la volonté de s’améliorer sur le plan humain, et par conséquent de travailler sur soi-même pour sublimer ses défauts et ses faiblesses. C’est précisément ce à quoi les Rose-Croix se consacrent en application de leur philosophie.
L’athée que vous êtes peut-être se dira probablement que l’on peut œuvrer à son perfectionnement sans pour autant être spiritualiste, et donc sans croire en Dieu. C’est vrai ; mais toute personne ouverte à la spiritualité fait de ce travail personnel un but en soi et l’inscrit dans la durée, au-delà même de sa vie présente. Autrement dit, elle s’y consacre avec l’idée qu’il bénéficiera à son âme, non seulement durant son existence en cours, mais également par-delà ce que l’on appelle communément « la mort », cette échéance qui constitue le mystère des mystères et à laquelle aucun être humain ne peut se soustraire. Ainsi, là où un athée voit la fin définitive de ce qu’il était en tant que personnalité, et donc des efforts éventuels qu’il a faits pour s’améliorer, un spiritualiste entrevoit le début d’un nouveau cycle d’existence, avec la survivance des qualités qu’il a éveillées au contact des autres.
Puisque je viens de me référer à la mort, il me semble utile d’expliquer brièvement comment les Rose-Croix la conçoivent. Après que le défunt ait rendu son dernier souffle, l’âme qui l’animait se libère graduellement de son corps et recouvre l’état d’énergie-conscience qu’elle avait avant de s’incarner. Elle est alors consciente que sa vie est achevée, d’autant qu’elle perçoit tout ce qui se déroule autour de ce qui était son “enveloppe charnelle”. Durant les heures et les jours qui suivent le décès, elle demeure à proximité des êtres qui lui sont chers et irradie vers eux des “pensées” destinées à les réconforter. Malheureusement, leur peine et leur ignorance de ce qu’est vraiment la mort les empêchent souvent de recevoir cette aide purement spirituelle. À un moment donné, l’âme se sent comme attirée vers ce que l’on appelle couramment « l’au-delà », qui correspond en fait à une autre dimension de l’univers, ou si vous préférez à un univers parallèle. Après avoir fait le bilan de la vie qu’elle vient d’achever, elle se réincarne, afin de poursuivre son évolution spirituelle.
Après la mort, l’âme ne se rend donc ni en enfer ni au paradis, fût-ce après un séjour plus ou moins long au purgatoire. Ces destinations post-mortem n’ont aucun fondement ontologique et ne correspondent à aucune réalité. Bien que respectables en soi, elles ont été conçues par les fondateurs des religions, afin d’encourager les hommes à faire le bien et les dissuader de faire le mal, ce que l’on peut comprendre. De même, le diable n’a jamais existé, pas plus que les démons censés le servir ; il s’agit là aussi d’un concept qui a été imaginé pour inciter les fidèles à suivre scrupuleusement les credo religieux, de crainte qu’il ne prenne possession de leur âme durant leur vie ou après leur mort. Durant des siècles, ces croyances ont conditionné le comportement de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Mais de nos jours, la grande majorité des croyants n’y adhèrent plus, toutes religions confondues. C’est notamment le cas des jeunes, car ils sont plus instruits que ne l’étaient leurs aînés, et beaucoup moins manipulables.
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