De Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
Tout d’abord, je souhaiterais préciser que cette lettre ouverte n’est animée d’aucune intention vindicative à l’encontre des athées et n’a pas pour but de les convaincre de quoi que ce soit, en supposant même qu’on puisse le faire. Elle s’apparente plutôt à une réflexion générale sur l’athéisme, non pas à travers des considérations empruntées à la philosophie académique, universitaire, classique, moderne ou autre, mais à la lumière de la pensée rosicrucienne. Elle ne s’adresse donc pas à une élite intellectuelle, mais à quiconque accepte, le temps de sa lecture, de s’interroger sur lui-même et sur le sens qu’il donne ou ne donne pas à sa vie. J’ajouterai qu’elle est dénuée de toute arrière-pensée moralisatrice, chacun devant l’interpréter à l’aune de ses convictions personnelles.
Par définition, l’athéisme est l’opinion de toute personne qui nie l’existence de Dieu, et par extension celle de l’âme. Il est impossible de dire combien d’athées il y a dans le monde, mais des enquêtes récentes montrent que son nombre n’a cessé d’augmenter au cours de ces dernières années, notamment dans les pays développés. En Europe, c’est la France qui en compte le plus, avec environ 30 % de la population. Est-ce là un héritage de cet esprit que l’on dit cartésien et que beaucoup de Français revendiquent et cultivent ? Si oui, peut-être faut-il rappeler que René Descartes fut en contact étroit avec les Rose-Croix de son époque et montra un intérêt évident pour la spiritualité. Dans l’un de ses livres, il déclara d’ailleurs :
« Comment serait-il possible que je puisse savoir que je doute, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose et que je ne suis pas parfait, si je n’avais en moi aucune idée d’un Être plus parfait que le mien par la comparaison duquel je puis connaître les défauts de ma nature ? […] Puisque je suis une chose qui pense et qui a en soi quelque idée de Dieu, quelle que soit la cause que l’on attribue à ma nature, il me faut nécessairement avouer qu’elle doit pareillement être une chose qui pense, et posséder en soi l’idée de toutes les perfections que j’attribue à la Divinité. »
De nombreux athées, dont peut-être vous-même, ne l’étaient pas à l’origine, mais le sont devenus. Certains ont perdu la foi suite à des épreuves qui ont généré en eux un profond sentiment d’injustice : la mort d’un être cher, une maladie grave dont ils n’ont pas guéri, la destruction de leur habitation lors d’une catastrophe naturelle, etc. C’est alors qu’ils ont commencé à douter et à remettre en cause l’existence de Dieu, considérant à tort que leur croyance en Lui aurait dû les préserver de telles épreuves. Bien que compréhensible sur le plan humain, une telle réaction montre en fait que leur conception de Dieu était erronée. Contrairement à ce qu’ils pensaient, il ne s’agit pas d’un Être anthropomorphique, soucieux d’intervenir personnellement dans notre vie pour nous préserver des vicissitudes de l’existence, et ce, avec d’autant plus d’empressement que l’on suit Ses commandements, tels que les religions les définissent à travers leur credo. Malheureusement, c’est ainsi que nombre de croyants Le conçoivent, d’où leur déception et leur incompréhension lorsque l’adversité les submerge.
Pour rester dans le même genre de raisonnement, nombre d’athées nient l’existence de Dieu, car ils pensent que s’Il existait, il n’y aurait ni guerres, ni pauvreté, ni maladies, etc. Or, ce n’est pas Lui qui fait les guerres, mais les hommes ; s’ils s’aimaient les uns les autres, elles n’auraient plus cours. De même, s’ils étaient plus fraternels et plus solidaires, il n’y aurait quasiment plus de pauvres. S’ils avaient une meilleure hygiène de vie et respectaient davantage les lois naturelles, il y aurait infiniment moins de maladies, etc. D’une manière générale, la cause majeure des difficultés, des problèmes et des épreuves auxquels nous sommes confrontés se situe dans le comportement humain. Cela veut dire que si les hommes, dans leur ensemble, faisaient preuve de sagesse et s’évertuaient à exprimer le meilleur d’eux-mêmes, le paradis que les religions situent quelque part dans l’au-delà serait accessible ici-bas. C’est ce qui a conduit nombre de penseurs et de philosophes à dire que l’humanité est capable de créer sur Terre la société idéale.
La seconde partie demain