Que vous êtes belle !
N’est-ce pas, répondit doucement la rose. Et je suis née en même temps que le soleil…
« Je n’ai alors rien su comprendre. J’aurai dû juger ma rose sur les actes et non sur les mots.
Elle m’embaumait et m’éclairait. Je n’aurais jamais dû m’enfuir ! J’aurai dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires ! Mis j’étais trop jeune pour savoir aimer »…
Et voici qu’il était cinq mille roses, toutes semblables, dans un seul jardin !
« Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire ! »…
Le Petit Prince apprivoisa le Renard et s’en fut revoir les roses.
« Vous êtes belles mais vous êtes vides. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule, elle est plus importante que vous toutes, puisque je l’ai arrosée, l’ai mise sous globe, l’ai abritée par le paravent, l’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même se taire. Puisque c’est ma rose. »
Puis il revint vers le Renard : « Adieu ! » lui dit-il.
Adieu dit le Renard. Voici mon secret. Il est simple : On ne voit bien qu’avec le cœur.
L’essentiel est invisible pour les yeux.
C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
« Les hommes de chez toi cultivent cinq mille roses dans un même jardin…et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose, ou un peu d’eau…
A. de St-Exupéry, Le petit Prince.