22 mars 2012
4
22
/03
/mars
/2012
22:34

L’IMPATIENCE CAUSE LE MALHEUR
M. GUYAU
Un petit garçon, fils de prince, avait été un jour réprimandé
sévèrement par son précepteur. Le soir il était bien
triste :
« Comme on est malheureux, pensait-il, quand on
est enfant ! On a des leçons à apprendre, des devoirs à faire.
Oh ! pourquoi le temps ne va-t-il pas plus vite ? que ne suis je
déjà un homme ! Comme ma vie serait heureuse si j’en
pouvais à mon gré hâter les jours ! »
Tout en pleurant, l’enfant s’endormit. Le lendemain matin,
en s’éveillant, il entrevit à côté de lui une jolie bobine de
soie, aux reflets chatoyants, qui brillait aux rayons naissants
de l’aurore.
L’enfant poussa un cri de surprise, et avança la main pour
saisir ce qu’il croyait n’être qu’un charmant joujou. Mais
voici que, de la petite bobine, une voix grêle s’échappa, qui
murmura aux oreilles du prince les paroles suivantes :
– Prends garde, prends garde ; que ta main imprudente
n’approche pas de moi sans précaution ; que ton souffle
ne flétrisse pas mes vives couleurs. Si tu savais ce que je
suis ! Enfant, le fil merveilleux qui s’enroule autour de moi
représente toute la série de tes jours.
Vois-tu comme, à mesure que les instants s’écoulent, ce
fil se déroule et se dévide. Tu ne peux pas plus arrêter ce brin de fil sans cesse en mouvement que tu ne peux arrêter le temps.
Mais écoute : tu souhaitais hier de pouvoir à ton gré hâter tes jours, je t’en donne le pouvoir.
Dévide ce fil de soie, et en même temps tu verras tes jours s’enfuir en toute hâte, comme s’ils étaient le long de ce fil.
Mais rappelle-toi que ta main, qui peut le dévider tout entier en un instant, ne pourra pas en pelotonner de nouveau un seul brin.
En entendant la merveilleuse bobine, le prince avait retiré sa main prête à la saisir.
Il la regarda pendant longtemps sans oser y toucher.
Enfin il s’enhardit :
– Je vais tirer le brin de fil, pensa-t-il, mais bien peu, seulement de manière à passer un jour.
Et du bout du doigt, il tira le fil. Sa journée s’était déjà écoulée.
Il faisait nuit, et il se revit, prêt à se rendormir, dans le même lit où il venait de s’éveiller.
– Me voilà bien avancé ! s’écria le jeune prince. Un jour de passé, ce n’est pas assez.
J’avais bien raison avant-hier de vouloir grandir et être homme.
Allons !
Saisissant la bobine, il se mit à tirer le fil. Il le tira tant que, soudain, il se vit devenu homme, avec de la barbe au menton.
Il était roi. Des conseillers et des courtisans l’entouraient, lui parlaient des affaires de l’Etat.
Ce fut d’abord pour lui une grande joie, mais quand il demanda des nouvelles de son père et de sa mère, on lui apprit qu’ils étaient morts.
Pour lie la suite, 1 clic sur le lien ci-dessous.
Vidéo : "Leçon de vie"