Il nous arrive tous de ressentir du stress, de l’amertume, de la culpabilité – bref, de vivre des émotions plus ou moins agréables. Et nous aspirons à peu près tous à nous en libérer. Une vie sans celles-ci – ou plus réalistement, une vie comportant beaucoup moins de celles-ci – serait… Wow, imaginez. ;-)
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi nous nous permettons de cultiver ces états, merveilleuses petites créatures humaines que nous sommes? Oui, vraiment, pourquoi acceptons-nous de nous stresser alors que c’est si… stressant? Pourquoi choisissons-nous d’entretenir la colère plus longtemps que nécessaire alors qu’elle a un goût tellement amer? Comment en venons-nous donc à cultiver tous ces états qui font obstacle à la joie?
Il y a plusieurs réponses possibles à cette question, car on peut l’approcher à plus d’un niveau. Mais voici une des plus fondamentales : c’est parce que ces émotions nous vendent de jolies salades, tout simplement. Oui, ces petites bêtes sont extrêmement, incroyablement habiles à se prétendre utiles…
Prenons le stress, par exemple. Vous savez tout comme moi qu’il jure de nous rendre plus productifs et en contrôle… Comme s’il nous donnait de l’énergie, comme s’il nous aidait à performer. Ou encore, vous avez sûrement remarqué que l’angoisse promet de nous protéger des drames redoutés… Comme si en ayant peur maintenant, on s’assurait de n’avoir rien à craindre plus tard. La colère, quant à elle, prétend nous faire justice, bien sûr. C’est pourquoi on a parfois de la difficulté à la laisser aller. Et ainsi de suite.
Ces émotions lourdes et toxiques nous persuadent donc qu’elles sont une source de force et d’énergie. Et voici ce qui est absolument renversant : la réalité n’est pas seulement différente, mais complètement à l’o-p-p-o-s-é! Car alors même qu’elles nous convainquent de leur grande utilité, ces émotions nous enlèvent exactement ce qu’elles prétendent nous donner. Oh, le stress semble effectivement nous rendre plus productifs, car nos mouvements sont plus rapides sous son influence… Mais en réalité, on est beaucoup moins efficace et inspiré en sa présence que si on était calme et centré. La peur, qui prétend nous protéger, tire notre énergie vitale et nous fragilise. Même notre système immunitaire est affaibli lorsqu’on la cultive – ce qui n’est pas peu dire! Et la colère ne nous rend justice d’aucune façon… Elle nous amène au contraire à nous revancher sur nous-mêmes, en nous grugeant.
N’est-ce pas absolument fascinant?
Ainsi, plutôt que d’essayer de renoncer tout bonnement à ces émotions – ce qui n’est pas évident, car on a justement l’impression de renoncer à quelque chose de très important –, peut-être pouvons-nous commencer par les étudier plus méticuleusement, tout simplement. Oui, peut-être pouvons-nous les observer en action, et voir à quoi nous renonçons vraiment.
Quand on était enfant, nos parents nous répétaient de ne jamais aller vers les étrangers qui nous offrent des bonbons (on m’en a déjà offert, d’ailleurs… Je me demande bien où je serais aujourd’hui si j’étais montée dans le camion). Pourquoi ne pas suivre la même consigne chose avec nos émotions? Plutôt que de monter spontanément dans leur «camion», donc dans la souffrance, pourquoi ne pas garder une distance et examiner les promesses qu’elles nous font? Plus on le fera, plus on verra la vérité derrière leur petit jeu, et plus il sera aisé de leur dire non. (Évidemment, il n’est pas question ici de refouler les émotions lourdes qui nous habitent déjà – c’est bien la dernière chose à faire. On parle simplement de faire notre possible pour ne pas les nourrir ou en cultiver de nouvelles.)
En fin de compte, aucune émotion négative ne remplit ses promesses. Jamais, jamais, jamais. Leurs bonbons sont aussi toxiques qu’elles le sont. Aucune de leurs salades n’est comestible. Et c’est une chose merveilleuse, quand on y pense… Car il ne nous reste finalement qu’une option : cultiver jour après jour le maximum de paix et de joie possible. :-)
Passez une splendide journée!
Marie-Pier