Dans la plupart des pays du monde, les religions sont en déclin, y compris dans ceux où elles donnent encore lieu à des comportements intégristes. La grande majorité des gens, notamment chez les jeunes, n’en suivent aucune, et ceux qui le font ne sont pas des « fidèles » pratiquants. Cela étant, je ne pense pas qu’il faille en déduire pour autant qu’ils ne croient pas en Dieu et qu’ils n’ont aucune quête spirituelle. Sur ce point, il me semble important de faire la distinction entre la religiosité et la spiritualité.
Malgré le respect que j’éprouve à l’égard des religions dans ce qu’elles ont de meilleur à offrir aux croyants pour vivre leur foi, je pense néanmoins qu’elles ne sont plus adaptées aux mentalités et aux consciences actuelles, que ce soit d’ailleurs sur le plan moral ou doctrinal. Par ailleurs, elles ne répondent plus aux questions existentielles que les hommes et les femmes se posent à l’aube du XXIe siècle. À cela, s’ajoute le fait que les gens ont acquis un sens critique et une liberté de pensée qui les rendent beaucoup moins réceptifs au dogme religieux.
André Malraux aurait dit : « Le XXIe siècle sera spirituel (et non religieux) ou ne sera pas. » Cela suppose, d’une part de rompre avec le matérialisme qui n’a cessé de progresser durant le XXe siècle, et d’autre part de passer de la religiosité à la spiritualité, c’est-à-dire de la croyance à la connaissance. En effet, il ne suffit pas de croire en Dieu pour être heureux, d’autant que la plupart des religions font de Lui un Surhomme qui décide personnellement du sort de chaque être humain, avec son lot de joies et de peines. Le seul fait de croire en Lui ne rend pas non plus meilleur sur le plan humain. C’est ainsi que de nombreux fidèles manquent singulièrement d’humanisme.
En réalité, Dieu est l’Intelligence, la Conscience, l’Énergie, la Force (peu importe le terme) qui est à l’origine de toute la Création et de tout ce qu’elle contient sur les plans visible et invisible. En tant que tel, Il est inintelligible et inconcevable. Cela dit, Il se manifeste dans l’univers, dans la nature et dans l’homme lui-même à travers des lois impersonnelles que nous pouvons étudier et que nous devons respecter. En fait, c’est dans cette étude et ce respect que résident la spiritualité, au sens noble du terme, et par voie de conséquence le bien-être et le bonheur auquel nous aspirons.
Quoi qu’on en pense, l’athéisme et le matérialisme ne peuvent rendre les hommes heureux, car même s’ils n’en ont pas conscience, la spiritualité est pour eux une nécessité vitale. En fait, elle est une exigence de l’âme qui les anime. C’est ce qui explique pourquoi tant de personnes pourtant nanties sur le plan matériel sont malheureuses et ressentent un certain vide intérieur.
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
http://www.blog-rose-croix.fr/20100305a-propos-de-la-spiritualite/