Par Serge Toussaint
Face à l’insécurité grandissante et à l’augmentation des crimes et assassinats dans la plupart des pays du monde, on voit surgir ici et là des individus isolés ou des groupes de pression qui revendiquent le maintien de la peine de mort dans ceux où elle est toujours en vigueur, ou son retour dans ceux où elle a été abolie. En règle générale, ces individus ou ces groupes justifient leur position radicale en arguant que cette peine est dissuasive et qu’un assassin ne mérite qu’une chose : la mort. Autrement dit, ils sont pour l’application du principe « œil pour œil, dent pour dent », lequel, quoi qu’on en dise, est fondé sur le désir de vengeance.
En fait, des enquêtes impartiales effectuées dans ce domaine ont montré que la peine de mort n’est pas dissuasive. Il semblerait même qu’elle soit incitative pour certains psychopathes, car ils verraient en elle un défi à relever et seraient motivés par l’idée même de risquer leur vie. Quoi qu’il en soit, faire mourir un condamné par pendaison, électrocution, injection, etc., s’apparente selon moi à un assassinat d’autant plus prémédité qu’il est l’aboutissement d’une procédure judiciaire planifiée dans le temps et menée par des individus censés être responsables et équilibrés.
Louis-Claude de Saint-Martin, philosophe français du XVIIIe siècle, bien connu des Rosicruciens, des Martinistes et des Francs-Maçons, s’est vivement opposé à la peine de mort, considérant que l’homme n’a aucun droit sur autrui et qu’on ne doit rien lui prendre qu’on ne puisse lui rendre. De toute évidence, on ne peut redonner la vie à un assassin que l’on a exécuté. Dès lors, comment justifier qu’on la lui ôte à l’issue d’une condamnation, d’autant plus que cela ne peut faire revivre sa ou ses victime(s).
Si vous admettez le principe de la réincarnation, une autre raison s’impose pour être contre la peine de mort. En effet, exécuter un assassin revient dans la plupart des cas à libérer dans l’invisible une âme qui nourrira des sentiments de rancune, de rancœur, voire de haine. Lorsqu’elle se réincarnera, ces sentiments négatifs feront partie d’elle-même et se manifesteront tôt ou tard au cours de sa nouvelle vie, avec toutes les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer. S’il s’agissait d’un assassin notoire ou autre “tueur en série“, on peut penser qu’il cherchera à nouveau à assouvir son penchant pour le crime.
Dans une société véritablement humaniste, l’idéal serait, certes d’emprisonner à vie les assassins, mais également de tout faire, grâce à un suivi médical et psychologique approprié, pour qu’ils prennent conscience de l’extrême gravité de leurs actes, s’en repentent et les réparent autant que cela est humainement possible. De cette manière, on les empêcherait de nuire à nouveau, tout en leur donnant la possibilité de transcender les pulsions qui ont fait d’eux des criminels. Cela suppose que les prisons ne soient pas des centres d’enfermement dépourvus de toute humanité, mais des lieux de rééducation.
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