Par définition, la foi désigne le fait de croire en Dieu. En règle générale, elle concerne tous ceux et toutes celles qui suivent une religion et adhèrent au credo correspondant. C’est pourquoi on parle parfois de la foi chrétienne, de la foi juive, de la foi musulmane, etc. Cela étant, tout individu qui admet l’existence de Dieu a nécessairement la foi, et ce, quelle que soit la conception qu’il en a, qu’il appartienne ou non à une religion. Cela veut dire qu’elle n’est pas l’apanage des Chrétiens, des Juifs, des Musulmans, etc., mais le propre de tout spiritualiste.
On oppose souvent la foi à la raison, en ce sens qu’elle est fondée sur une conviction qui transcende le raisonnement, de sorte que l’on parle parfois de “foi aveugle”. Effectivement, on ne peut pas prouver l’existence de Dieu. D’un autre côté, il est impossible de démontrer qu’Il n’existe pas. Ainsi donc, on croit en Lui ou non. Par ailleurs, du fait qu’Il est inconcevable, chaque croyant en a une approche différente. Les Rosicruciens ont une belle expression pour illustrer ce fait ; parlant de Lui, ils disent en effet : « Dieu de notre cœur, Dieu de notre compréhension »…
S’il est vrai que l’existence de Dieu est indémontrable, il est possible néanmoins de postuler qu’Il ne peut pas ne pas exister. Je m’explique : l’univers et la Terre forment une réalité que nous pouvons percevoir et même étudier. Or, d’un point de vue rationnel, l’un comme l’autre proviennent nécessairement d’une cause, car le néant, l’absence, le vide, ne peuvent donner naissance à quoi que ce soit. Par ailleurs, les scientifiques eux-mêmes s’accordent à dire que les lois universelles et naturelles opèrent avec une grande intelligence et sont pour beaucoup d’entre elles un défi à la raison humaine. Dès lors, pourquoi ne pas admettre l’existence de Dieu et voir en Lui la Conscience absolue qui œuvre à travers l’univers et la nature ?
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été convaincu que Dieu, au sens mystique du terme, ne pouvait pas ne pas exister. Mais très tôt, je me suis demandé s’Il intervenait vraiment dans la vie des êtres humains, comme l’enseignent les religions. Et si oui, dans quelle mesure ? Cette question est restée longtemps sans réponse. À ce jour, j’ai acquis la conviction qu’Il le fait effectivement, mais uniquement à la mesure du respect que nous accordons aux lois par lesquelles Il se manifeste dans l’univers, la nature et l’homme lui-même. Cela suppose de vivre en harmonie avec ces lois, ce que les membres de l’A.M.O.R.C. s’efforcent de faire.
On ne peut évoquer le sujet de la foi sans parler du doute. En fait, je pense que très rares sont les croyants qui, à un moment ou à un autre, n’ont pas douté de l’existence de Dieu comme de l’âme, et par voie de conséquence, remis en cause leurs convictions religieuses, spirituelles ou philosophiques. Cette remarque s’applique également aux Rosicruciens. Au risque de vous surprendre, cela me semble naturel, ou plutôt humain. On rapporte que le Maître Jésus, tandis qu’il était sur la croix, aurait dit : « Mon Père, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » Cela suppose que lui-même aurait douté au moment ultime de sa vie ; à plus forte raison, les hommes et les femmes “ordinaires“ que nous sommes. Je pense également que le doute n’est pas la négation de la foi, et même qu’il peut la renforcer, au point, comme certains le disent, d’acquérir « une foi à toute épreuve ».
Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
http://www.blog-rose-croix.fr/a-propos-de-la-foi/