Par Serge Toussaint | Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Comme on le sait, le coronavirus, appelé aussi covid 19, a fait son apparition en Chine, dans la ville de Wuhan, vers la mi-décembre 2019. Selon la version officielle, ce serait un pangolin ou une chauve-souris qui l’aurait transmis à l’homme sur un marché. Une autre source non officielle postule qu’il serait parti d’un laboratoire construit dans cette ville en 2003, dans lequel des recherches étaient entreprises sur les coronavirus, famille de virus dont certains sont mortels. Il appartient à chacun de se faire son opinion à ce sujet, et je me garderai bien d’alimenter toute polémique ; il y en a déjà suffisamment. Cela dit, il est évident que certains scientifiques œuvrant dans le domaine médical jouent les « apprentis sorciers » et sont préoccupés davantage par les profits que peuvent générer leurs « découvertes » que par les questions d’éthique et de sécurité. On peut dire la même chose à propos du nucléaire, qui constitue un danger réel pour le monde entier, sans parler des déchets radioactifs qui ont une durée de vie de plusieurs centaines de milliers d’années et dont on ne sait que faire.
Indépendamment de son origine, cette pandémie a révélé une évidence : le monde n’est désormais qu’un seul pays. Parti de Chine, le coronavirus a parcouru la planète en faisant fi des frontières. Si l’on peut comprendre que certains pays aient fermé les leurs (trop tard ?) dans l’espoir de freiner la propagation entrante ou sortante du virus, cela n’en a mis aucun à l’abri. Quoi qu’il en soit, le retour au nationalisme dans un futur proche, voire à l’isolationnisme, comme certains le réclament avec vigueur, ne permettrait pas d’empêcher un nouveau fléau de ce genre de se répandre sur l’ensemble de la planète (au mieux, cela ralentirait son expansion), mais il renforcerait les égoïsmes individuels et collectifs, et donc les risques de conflits. De mon point de vue, la mondialisation, malgré ses faiblesses et ses dérives, est plutôt une bonne chose, car elle rapproche les êtres humains et contribue à la paix entre les peuples. Néanmoins, il faudrait en changer les fondements politiques et économiques, et faire en sorte qu’elle soit un vecteur de mieux-être pour tous, ce qui suppose qu’elle soit fondée sur la coopération et non sur la compétition.
La « Positio Rose-Croix »
De toute évidence, la pandémie à laquelle le monde est confronté doit conduire tous les gouvernements et tous les peuples à s’interroger profondément sur l’état du monde, ce que les dirigeants de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix ont fait en 2001, il y a près de vingt ans, à travers la « Positio Rose-Croix ». Dans le prologue, il est dit ceci : « L’humanité est à la fois troublée et désemparée. Les progrès immenses qu’elle a accomplis sur le plan matériel ne lui ont pas vraiment apporté le bonheur et ne lui permettent pas d’entrevoir le futur avec sérénité : guerres, famines, épidémies, catastrophes écologiques, crises sociales, atteintes aux libertés fondamentales, autant de maux qui contredisent l’espoir que l’homme avait placé dans son avenir. » S’ensuit dans ce Manifeste une réflexion générale sur la situation du monde (en 2000-2001) dans des domaines aussi divers que l’économie, la politique, la science, la technologie, la religion, l’art, la morale… D’une manière générale, il en ressort que si l’humanité veut s’ouvrir à un bel avenir, elle doit prendre pour devise : « Ecologie – Humanisme – Spiritualité », thème de « L’Appellation Rose-Croix », publiée par l’A.M.O.R.C. en 2014.
La conséquence la plus dramatique de la pandémie est le nombre de personnes qui sont décédées prématurément et qui ont plongé autant de familles dans la peine et le désarroi, d’autant que les funérailles ont été réduites dans tous les pays à leur plus simple expression. Un autre effet très négatif est la fermeture parfois définitive d’un grand nombre d’usines, d’entreprises, de sociétés, de commerces et autres pôles d’emplois et d’activités, ce qui va conduire des millions de personnes à perdre leur emploi et à rejoindre des millions d’autres dans la précarité. C’est toute une économie qu’il va falloir reconstruire, mais ce peut être l’occasion de tenir compte des erreurs du passé et de mettre en place un nouveau « modèle », au sens le plus vertueux du terme. Fondée jusqu’à présent sur la « croissance », elle n’a eu de cesse d’inciter les populations à consommer toujours davantage, de manière à produire toujours plus. En application de ce dogme, on a délocalisé, machinisé, robotisé, développé à l’excès l’intelligence artificielle…, ce qui a déshumanisé la société, l’a fragilisée et l’a rendue encore plus inégalitaire. Quant à l’argent, il n’a peut-être jamais autant été un agent de cupidité et de corruption, au mépris des valeurs éthiques les plus élémentaires.
Les effets positifs de la pandémie
Mais la pandémie a eu aussi des effets positifs : de nombreuses personnes se sont recentrées sur elles-mêmes et se sont posé des questions existentielles : la vie a-t-elle un sens ? Qu’en est-il de la mort ? Avons-nous une destinée ? Que penser de la fatalité ?… Par ailleurs, beaucoup ont pris conscience de la fragilité du monde et de l’état de folie dans lequel il se trouve depuis trop longtemps. Sans parler du dévouement et de l’abnégation du personnel médical et paramédical, on a vu réapparaître des attitudes et des gestes qui étaient depuis longtemps en voie de disparition : courtoisie, gentillesse, patience, entraide, sourire, compassion… Sur le plan écologique, les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines ont chuté. Les forêts ont respiré librement le temps d’un printemps, et des millions d’arbres n’ont pas été coupés. La pêche étant quasiment à l’arrêt, les coraux et les fonds marins se sont quelque peu reconstitués. Les fleuves, les mers et les océans ont pu se « reposer » et se « ressourcer ». La flore et la faune ont bénéficié d’un répit bénéfique dans la plupart des pays, etc. La preuve nous est ainsi donnée que si elle le veut vraiment, l’humanité peut diminuer l’impact négatif qu’elle a sur la nature et lui permettre de se régénérer. Il suffit de lui en donner le temps.
L’Apocalypse
On a parlé de l’« Apocalypse » à propos de la pandémie. Si besoin est, rappelons que dans la Bible, ce terme désigne le récit que Jean l’Evangéliste fait de la fin du monde. Il est pour moi évident que ce récit est allégorique et ne se rapporte pas à la situation actuelle de l’humanité. Ce qu’elle vit depuis quelques mois n’a donc rien d’apocalyptique, au sens biblique du terme ; il ne s’agit pas non plus d’un Châtiment divin, comme certains le prétendent. Cela dit, nous pouvons espérer et souhaiter que cette épreuve collective soit « un mal pour un bien » et donne lieu à des prises de conscience et des changement salutaires qui marqueront le début d’un autre monde, d’un monde nouveau, fondé sur ce que les êtres humains peuvent exprimer de meilleur sur les plans individuel et collectif. Alors, le mot « Apocalypse » prendra tout son sens, puisqu’il veut dire littéralement « Révélation ». Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut qu’ils se livrent à une profonde introspection, n’oublient pas ce qui est arrivé, et cessent de se comporter eux-mêmes comme des coronavirus à l’égard de notre planète. Sinon, il est évident que de nouvelles catastrophes sanitaires, scientifiques, nucléaires ou technologiques se produiront, avec encore plus de conséquences dramatiques.
À n’en pas douter, on va vouloir, dans les prochaines semaines et les prochains mois, trouver les responsables de la pandémie, de sa propagation, des décès qu’elle a provoqués… La « chasse aux sorcières et aux boucs émissaires » a déjà commencé sur internet et dans certains médias, non sans arrière-pensées politiques, idéologiques, corporatistes, complotistes, opportunistes et autres. Les révisionnistes en tous genres vont s’employer à refaire l’histoire de cette pandémie et à expliquer à qui voudra les lire et les écouter ce qu’il aurait fallu faire et ne pas faire, dire et ne pas dire, pour qu’elle n’arrive jamais, soit endiguée rapidement et fasse beaucoup moins de victimes, voire aucune. En ces temps où l’on aime tant polémiquer et donner son avis, souvent de façon anonyme sur les réseaux sociaux, rien n’est plus tentant que de refaire ce qui, pourtant, ne peut plus être changé. Tous pays confondus, il est évident que des erreurs plus ou moins graves ont été commises à différents niveaux et dans divers domaines, et qu’il faudra en tirer des leçons pour l’avenir. Mais ne sommes-nous pas tous en partie responsables de la situation actuelle du monde ? N’avons-nous pas nous-mêmes à changer dans notre manière de penser et de nous comporter ?
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