Texte de Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de
Par définition, l’honneur est « l’ensemble des principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l’estime que l’on a de soi ou celle qu’autrui nous porte ». A priori, cette notion est liée à la morale, qui elle-même se définit comme « la science du bien et du mal ». Vu sous cet angle, le sens de l’honneur est indissociable du sens de l’éthique et traduit la volonté de se conformer à certaines valeurs, notamment l’intégrité, la droiture, la responsabilité et le respect de la parole donnée. Il faut bien reconnaître que ces valeurs sont devenues rares de nos jours. En cause : le manque, voire l’absence d’éducation, et le manque de repères.
Le sens de l’honneur ne se limite pas à se conformer aux valeurs qui concourent à l’estime de soi ; il suppose également de reconnaître ces valeurs chez ceux qui les ont éveillées, au point de les honorer en leur témoignant notre estime et notre considération. En vertu de ce principe, il est vrai qu’il y a des personnes honorables, en ce sens qu’elles méritent, en raison de leur sagesse, de leurs connaissances ou de leurs œuvres, ou de ce qu’elles ont accompli au service d’une cause utile et noble, le respect et la reconnaissance de leurs concitoyens, de leur pays, voire de l’humanité dans son ensemble. Nous devons alors nous sentir honorés lorsque l’occasion nous est donnée de rencontrer de telles personnes et de partager un moment d’intimité avec elles. Qu’elles soient célèbres ou non, elles font généralement figure d’exemple.
Comme vous le savez, il existe dans certains pays des procédures qui permettent de rendre un hommage officiel à telle ou telle personne jugée honorable et respectable. En France, par exemple, il y a l’élévation au statut de Chevalier, d’Officier ou de Commandeur de
Pour en revenir à l’honneur lui-même, il arrive parfois que celui-ci soit « mal placé », comme on le dit familièrement. Tel est le cas lorsqu’il est fondé, non pas sur le sens de l’éthique, mais sur une réaction excessive de l’ego. À titre d’exemple, il était fréquent, dans les siècles passés, que certains nobles demandent à « laver leur honneur », sous prétexte qu’ils s’étaient sentis offensés par telle insulte. Ils exigeaient alors d’obtenir réparation au moyen d’un duel dont ils n’étaient pas certains de sortir victorieux. Sans aller jusque-là, il est fréquent, de nos jours encore, que des individus réagissent très mal dans des situations où ce n’est pas vraiment leur honneur qui est mis en cause, mais leur ego ou, pour être plus précis, leur manque d’humilité.
Il peut arriver que l’on soit effectivement atteint dans son honneur, c’est-à-dire mis en cause injustement, en privé ou en public. Dans le second cas, il est souvent difficile d’obtenir réparation, tant il est vrai que « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il faut dire aussi que les médias sont toujours prompts à répandre la calomnie et la rumeur, mais beaucoup moins à réhabiliter ceux qui en ont été à tort les victimes. S’il en est ainsi, c’est précisément parce que ceux et celles qui travaillent dans ce domaine manquent parfois d’honneur et qu’il est toujours difficile de reconnaître que l’on s’est trompé ou que l’on a transigé avec l’éthique.
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