Texte de Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Depuis quelque temps, on entend souvent dire que «le monde est fou». Cette expression n’est pas nouvelle, mais il faut bien reconnaître qu’elle n’a probablement jamais été autant d’actualité. Tous les domaines de l’activité humaine donnent le sentiment d’être frappés de folie : la politique, avec la généralisation des discours populistes ; l’économie, avec la course outrancière aux profits ; la technologie, avec l’expansion excessive du machinisme et de la robotisation ; la science, avec les manipulations génétiques en tous genres ; la religion, avec la montée en puissance de l’intégrisme ; l’art, avec la multiplication des impostures ; le sport, avec la généralisation du dopage ; etc.
Le monde médiatique est lui aussi devenu fou : plus ou moins consciemment, il fait la promotion du terrorisme en diffusant en boucle les images de tel ou tel attentat, dresse les gens les uns contre les autres à grand renfort de polémiques, condamne publiquement des individus avant même qu’ils aient été jugés, fait l’apologie de l’impertinence et de la vulgarité, donne la parole à des personnes qui n’ont rien à dire ou qui feraient mieux de se taire, dit et écrit tout et son contraire d’un jour à l’autre, manipule l’opinion au gré des campagnes électorales, etc. Comme on le dit familièrement, la “machine médiatique” s’est emballée il y a quelques décennies et ne cesse depuis d’être en phase d’accélération.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Les raisons sont multiples, mais il en est une qui me semble primer sur les autres : la perte du bon sens. On a le sentiment qu’une forme de folie s’est effectivement emparée de la société, au point qu’elle fait systématiquement le contraire de ce qu’elle devrait faire pour régler les problèmes qui se posent à elle et rompre avec la situation chaotique dans laquelle elle se trouve depuis trop longtemps. Plutôt que d’opter pour le bon sens, elle se fourvoie presque toujours dans le «mauvais sens», c’est-à-dire dans la mauvaise direction, avec tout ce qui en résulte en termes d’impasses, de blocages, de marches-arrière, de “rétropédalages”, etc.
Qu’est-ce que le bon sens ? D’une manière générale, c’est le sens de ce qui est bon pour l’individu et la société dans son ensemble. C’est donc ce qui va dans le sens des valeurs que chacun devrait respecter au nom de ce que d’aucuns appellent le «Vivre ensemble». Par opposition, le mauvais sens s’apparente à tout ce qui va à l’encontre du bien commun et favorise l’intérêt particulier. Et si c’est ce dernier qui prédomine de nos jours, c’est parce que l’époque actuelle est sous l’emprise des égoïsmes individuels et collectifs. C’est aussi parce qu’elle alimente l’égocentrisme tout en s’en nourrissant.
Pour remettre le bon sens au goût du jour et donner une bonne orientation à la société, il faudrait privilégier l’intérêt général à l’intérêt particulier, et cesser de promouvoir tout ce qui relève du nationalisme, du communautarisme, du corporatisme et de l’individualisme. Il faudrait également mettre fin aux postures démagogiques et s’évertuer à être beaucoup plus sincère dans les relations avec autrui. Enfin, et peut-être surtout, il faudrait donner à la réflexion et à l’éthique tout leur (bon) sens, ce qui pose notamment le problème de l’instruction et de l’éducation, lesquelles sont depuis trop longtemps en perdition.
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On demanda un jour à Confucius :
Qu'Est-ce qui vous surprend le plus chez les humains ?
Confucius répondit :
Ils perdent leur santé à faire de l'argent
et, par la suite, perdent leur argent à restituer leur santé.
En pensant anxieusement au futur,
ils oublient le présent, de sorte qu'ils vivent ni le présent, ni le futur.