Texte de Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Indépendamment des définitions que l’on peut donner au temps, chacun s’accorde à dire qu’il conditionne la vie des êtres humains. Dans son expression naturelle, il est rythmé par l’alternance du jour et de la nuit, le cycle lunaire et la succession des saisons. Que nous le voulions ou non, nous sommes soumis à ces rythmes, tout comme la nature dans son ensemble, avec ses règnes minéral, végétal et animal. En un mot, le temps est une dimension “matérielle“ à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire en tant qu’êtres vivants.
Soucieux de maîtriser le temps pour mieux gérer son existence, l’homme s’est employé à le fractionner artificiellement, ce qui a donné naissance au cours des siècles à divers systèmes de mesure. Comme vous le savez, nous utilisons désormais le millénaire, le siècle, la décennie, l’année, le jour, l’heure, la minute, la seconde, et même le dixième, le centième et le millième de seconde. Mais s’il était naturel et prévisible que l’homme en vienne à mesurer le temps avec de plus en plus de précision, il est regrettable qu’il en soit devenu à ce point l’esclave. Pour s’en convaincre, il suffit de songer au rythme effréné auquel vivent la plupart des gens, avec tout ce qui en résulte en termes de stress et de maladies “nerveuses“.
Vous avez certainement remarqué qu’au fur et à mesure que l’homme a fractionné le temps, il a accéléré le rythme de la vie en société. De nos jours, toute activité est minutée et s’inscrit dans un programme ou une “plage horaire“ déterminée. Sur le plan économique, le temps est plus que jamais de l’argent, ce qui explique l’obsession à vouloir produire toujours plus en moins de temps. De leur côté, les médias se livrent à une compétition pour “couvrir en direct“ les événements qu’ils jugent d’actualité. Mieux (ou pire) encore, ils s’emploient à les anticiper, à les devancer, au point de spéculer sur l’avenir. Quant à la plupart des gens, ils sont de plus en plus pressés et se plaignent volontiers de « ne pas avoir le temps de tout faire ».
La question qui se pose est naturellement de savoir si cette accélération des choses rend les êtres humains plus heureux. De toute évidence, la réponse est « non ». Pourquoi ? Parce qu’ils s’affairent à rentabiliser leur temps de vie, au détriment de sa qualité. Ceci est tellement vrai que paradoxalement, nombre de personnes ne supportent plus l’idée de ne rien avoir à faire, ne serait-ce qu’une heure. Est-ce la perspective de ne pas utiliser cette heure pour “consommer“ une activité quelconque ? Est-ce la crainte de se retrouver seules face à elles-mêmes ? Toujours est-il que la course menée actuellement contre le temps nous éloigne de plus en plus de nous-mêmes, des autres, de la nature, et du sens profond de la vie.
D’un point de vue strictement philosophique, le temps n’est pas une réalité matérielle, mais un état de conscience. C’est ce qui explique pourquoi, lorsque nous dormons ou sommes dans un état inconscient, nous perdons la notion des heures, des jours et même des mois, comme c’est malheureusement le cas des personnes plongées dans le coma. Dans l’absolu, cela suppose que le meilleur moyen de maîtriser le temps et de s’en faire un allié dans la vie est de remplacer l’usage matérialiste que nous en faisons par une approche plus spiritualiste de ce qu’il est en essence…
http://www.blog-rose-croix.fr/20110114a-propos-du-temps/
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