Serge Toussaint
Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix
Avant de définir ce que j’entends par «sagesse» au regard de la philosophie rosicrucienne, il me semble important d’insister sur le fait qu’elle correspond à un archétype dans la conscience humaine. C’est ce qui explique pourquoi, dans nombre de contes et de légendes, on trouve des personnages qui l’incarnent, tantôt sous l’aspect d’un vieillard, tantôt sous celui d’une fée, tantôt sous celui d’un roi, d’une reine, d’un chevalier… En règle générale, ces personnages ont en commun d’être bienveillants, intègres, justes, clairvoyants… en un mot : quasiment parfaits. Vous noterez également que nous avons tendance à respecter, et même à admirer, une personne qui nous semble sage dans ses jugements et son comportement.
À propos d’archétype, on ne peut faire l’impasse sur la Sophia, personnification de la sagesse dans la plupart des traditions religieuses et mystiques, notamment dans le platonisme et le gnosticisme. Socrate voyait en elle la vertu la plus élevée chez l’être humain et considérait qu’elle était d’essence divine. Platon, son disciple, l’assimilait à l’Âme du monde, laquelle, dans l’absolu, ne fait qu’un avec l’Âme universelle. On trouve également des références à la Sophia dans l’Ancien Testament et dans les Évangiles apocryphes. Dans le Christianisme canonique, elle a été personnifiée à travers sainte Sophie.
D’un point de vue rosicrucien, la sagesse est l’état de conscience manifesté par toute personne ayant éveillé les vertus que l’on attribue à l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus divin. Est donc sage celui ou celle qui fait preuve au quotidien d’humilité, d’honnêteté, de générosité, de tolérance, de non-violence… Si vous admettez cette approche de la sagesse, vous comprendrez qu’il est impossible de l’atteindre en une seule vie. C’est pourquoi la plupart des Rosicruciens adhèrent à la réincarnation. Ils pensent en effet que tout être humain est destiné à réaliser cet état, mais que cela nécessite de se réincarner de nombreuses fois. L’ayant atteint, nous ne sommes plus dans l’obligation d’expérimenter la condition humaine. En termes bouddhistes, nous avons mis fin au samsâra, à la «roue des incarnations successives».
Puisque tout être humain est destiné à atteindre l’état de sagesse, appelé «état Rose-Croix» dans la Tradition rosicrucienne, il est amené un jour ou l’autre, dans une vie ou dans une autre, à commencer une «quête de sagesse». Autrement dit, il en vient tôt ou tard à comprendre que le bien-être et le bonheur auquel il aspire sont liés à ses aspirations et à son comportement.
En règle générale, ce sont les expériences de la vie, positives et négatives, heureuses et malheureuses, qui conduisent à cette prise de conscience. Dès lors, la personne concernée ressent le besoin intérieur de s’interroger sur elle-même et sur le sens profond de l’existence. Ce faisant, elle s’ouvre à la spiritualité et commence à fouler le sentier du «connais-toi toi-même».
Précisément, quel lien peut-on faire entre «connaissance» et «sagesse» ? Comme vous l’aurez compris, les deux sont intimement liées, car on ne peut devenir sage sans s’évertuer à se connaître soi-même. Par ailleurs, la quête de sagesse est indissociable de la quête de connaissance, en ce sens que l’être humain, sous l’impulsion de l’âme qui évolue à travers lui, ressent le désir de comprendre ce que l’on appelle communément les «mystères de l’existence». À ce propos, rappelons que le mysticisme est par définition l’«étude des mystères». Cela revient à dire qu’un mystique, au sens noble du terme, est quelqu’un qui mène une quête de connaissance et de sagesse. Tel est notamment le cas des Rosicruciens.
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L’ontologie des Rose-Croix
Si la tolérance est la plus belle et la plus noble des vertus, rien n’est possible sans cette disposition de l’âme.
Le niveau de tolérance d’une personne est le reflet de son degré d’évolution.
De plus ce n’est pas tolérer l’autre, c’est l’accepter tel qu’il est, car celui qui n’a jamais souffert ne connaît pas la valeur de la tolérance.